Article 3 : Stratégies de Lutte contre le Mildiou de la Pomme de Terre

Face à un tel fléau, diverses méthodes de lutte ont été développées pour protéger la culture de la pomme de terre.

La Lutte Chimique : Une Stratégie Courante mais Contestée

L’application de fongicides chimiques reste la stratégie la plus courante pour contrôler le mildiou. Cette approche en fait l’un des principaux moteurs de l’utilisation des pesticides à l’échelle mondiale, générant un chiffre d’affaires annuel d’un milliard de dollars pour les applications hebdomadaires (Haverkort et al., 2009).

L’optimisation de l’utilisation des fongicides dépend de la connaissance de l’efficacité et du type d’activité des ingrédients actifs, de la résistance foliaire du cultivar, des conditions météorologiques, de l’irrigation, et de l’incidence locale du mildiou (Cooke et al., 2011). Cependant, en Europe, le nombre de produits homologués est réduit en raison de préoccupations sanitaires et environnementales, limitant l’accès des agriculteurs à moins de dix produits fongicides dans certains pays.

Vers des Alternatives et des Stratégies Intégrées

Étant donné que le mildiou est une maladie polycyclique qui peut exploser rapidement dans des conditions favorables, des stratégies intégrées sont cruciales pour un contrôle efficace. Elles combinent plusieurs approches :

  • Mesures d’assainissement : Éliminer ou réduire les sources initiales de la maladie.
  • Pulvérisations fongicides : Utiliser des pulvérisations prophylactiques (avant les symptômes) et curatives (après l’apparition).
  • Utilisation de cultivars résistants : Choisir des variétés de pomme de terre moins sensibles pour réduire le taux de maladie.
  • Cultivars à maturation précoce : Pour réduire la durée potentielle de l’épidémie.
  • Plantation stratégique : Cultiver la pomme de terre durant des saisons ou dans des zones où l’environnement est moins favorable au pathogène.

La Lutte Biologique : Promesses et Défis

La lutte biologique explore l’utilisation de micro-organismes pour combattre le mildiou. Cependant, de nombreux micro-organismes potentiellement antibactériens se montrent efficaces en laboratoire (in vitro) mais moins sur le terrain (in vivo), où ils peuvent être facilement supplantés par la microflore indigène et devenir inefficaces (Caulier et al., 2018).

Malgré ces défis, certains agents biologiques montrent un fort potentiel :

  • Lactobacillus : Ces bactéries lactiques sont reconnues pour leur capacité à produire divers composés antimicrobiens (acides lactique et acétique, bactériocines, peroxyde d’hydrogène, etc.) (Sadiq et al., 2019; Siedler et al., 2019). Des études ont montré que 100% des souches testées présentaient une activité antifongique contre P. infestans, avec des zones d’inhibition variables (K. Alaoui et al., 2021).
  • Trichoderma : Ce champignon est largement étudié pour la gestion des maladies. Il est connu pour induire une résistance systémique chez les plantes et offrir une protection en activant des enzymes qui dégradent les parois cellulaires de l’agent pathogène (Yao et al., 2016).

Les Biopesticides Botaniques : Une Alternative Naturelle

Les biopesticides botaniques sont des métabolites secondaires naturels (composés phytochimiques) présents dans les plantes (Laxmishree et Singh, 2018). Ils comprennent les extraits de plantes, les substances volatiles végétales et les huiles naturelles qui ont des activités de lutte contre les ravageurs et les pathogènes.

  • Huiles Essentielles (HE) et Extraits de Plantes : Ces composés naturels représentent une alternative prometteuse et plus respectueuse de l’environnement aux produits phytosanitaires conventionnels. Elles sont biodégradables, ont un impact environnemental moindre, et présentent souvent de faibles taux de résidus et une faible toxicité, ce qui les rend idéales pour les systèmes de production biologique (Dewitte et al., 2018; Han et al., 2019). De nombreuses HE et leurs principaux composants sont classés « generally recognized as safe » (GRAS) par la Food and Drug Administration (FDA) (Burt, 2004).
  • Efficacité prouvée : Une étude de Najdabbasi et al. (2020) a examiné les effets de différentes HE et concentrations de Timbor® sur le développement du mildiou sur des plantes en pot. Les résultats ont montré que l’huile essentielle de romarin et le Timbor® étaient les plus efficaces, réduisant la sévérité de la maladie de ~91% et ~80% respectivement par rapport aux plantes témoins après 35 jours d’infection. L’efficacité des autres concentrations était généralement plus faible sur le long terme.

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